Danser et écrire ont pour moi des liens très forts. Quand tu laisses ta main et ton stylo cheminer sur le papier, il y a quelque chose qui te met en mouvement à l'intérieur, alors que bien souvent tu es immobile, assise ou allongée, sur une chaise, de l'herbe, un lit...quelque chose qui t'emmène te balader, à travers les mots tracés, des images apparaissent en toi et t'amènent ailleurs, tu te perds dans une forêt, tu te rappelles d'une caresse, tu regardes à nouveau l'horizon alors que ta fenêtre donne sur un mur. J'ai beaucoup dansé dans ma vie, dans ma chambre ou mon salon, dans des ateliers, des fêtes, des projets artistiques et même de façon libre dans la rue avec mon amie Karen De Bliek et son projet Just dance in the street. J'ai aussi dansé à l'intérieur de moi-même, assise dans un train, dans les rayons d'un supermarché, là où mon corps n'osait pas des gestes libres, était pris dans un rythme et un regard social qui freine, qui réfrène, qui contient, qui détient du pouvoir sur nos corps, j'ai dansé à l'intérieur. Alors si on compte en plus toutes ces danses à l'intérieur, j'ai vraiment beaucoup dansé dans ma vie. Et pourtant pendant ce confinement, je n'ai pas beaucoup dansé, comme si mon corps était en attente, entre-deux, comme sidéré par ce qui se passait au dehors. J'ai mis du temps à retrouver un espace-temps pour ce mouvement. Écrire avec mon corps dans l'espace, raconter mes histoires à travers la danse. Ce que je préfère, c'est improviser. Être à l'écoute de ce qui vient, être touchée par les sensations du mouvement. Se laisser être touchée par ce qui se passe autour, le vent sur ta peau, un bruit au loin, le passage d'un train, quelque chose qui vient te parler et transforme ton propre mouvement, t'emmène ailleurs."
11 mai 2020